Fait divers au Puits d’Enfer : la fameuse affaire de la malle sanglante

Il y a 70 ans, le 9 février 1949, une découverte macabre allait secouer tout le territoire. C’est le début d’une des plus célèbres affaires de l’après-guerre. En avez-vous déjà entendu parler ? Il s’agit de l’affaire de la malle sanglante…

Les pensionnaires de Saint Jean d’Orbestier découvrent avec leur moniteur, monsieur Berges une malle flottant dans le fond du Puits d’Enfer. A leur stupeur, ils découvrent à l’intérieur, le corps d’un homme, bâillonné et ligoté. Seuls indices : des initiales sur les vêtements de la victime qui étaient R.T et sur la malle : E.T , ses effets personnels révèleront son identité : Robert Thélier, un rentier parisien. L’autopsie du cadavre viendra compléter son identification : un homme d’environ 60 ans mort par strangulation.

Le Puits d'Enfer

Le Puits d’Enfer

Rapidement, les abords du Puits d’Enfer sont inspectés révélant des traces de pneus. Un témoin affirme également avoir vu une voiture stationnée vers 1h45 du matin.

L’affaire prend rapidement de l’ampleur, relayée par la presse nationale. La Police Judiciaire de Paris est prévenue et découvre que Robert Thélier a été vu la dernière fois en compagnie de sa domestique, Andrée Farré. Elle est rapidement considérée comme suspecte numéro un d’autant plus qu’elle demeure introuvable et que les derniers chèques émis par la victime ont été encaissés par Andrée Farré, elle-même et un autre bénéficiaire, Robert Planet.

L’enquête va rapidement permettre de la retrouver, à Paris.

Elle subit un interrogatoire, quai des Orfèvres, qui va révéler son parcours : de son enfance bourgeoise à Cholet, son mariage à un espagnol en 1931 qui lui offrira une vie aisée, à son retour, sans argent, en France à la mort de son mari et les petits métiers de subsistance. C’est donc par nécessité qu’elle entre au service de Robert Thélier en 1948, rue Jouffroy à Paris.

Histoire de la malle sanglante

Article de presse – Histoire de la malle sanglante

Elle rapporte dans un premier temps un récit plutôt mal ficelé. Deux malfaiteurs armés, Maurice Châtelain et Charles André, l’auraient attaqués ainsi que monsieur Thélier. Puis, sa version change, et elle dit avoir aidé un certain Robert Planet à s’introduire chez son employeur mais que les choses auraient dérapé.

Le 10 février, la police judiciaire est contactée par Maurice Châtelain. Il dit avoir été recruté par une femme pour se débarrasser d’une malle, soit disant pleine de papiers compromettants. Il fait alors le lien avec Andrée Farré.

On sait alors que deux conducteurs ont été recrutés. Ils sont entendus et libérés. L’enquête avance… Il ne manque que Robert Planet, mais celui-ci est arrêté par la Police Judiciaire le 28 février 1949. Après un interrogatoire de plus de 14 heures, il s’avère avoir été recruté par petite annonce «  pour mener une mission dangereuse en France ou à l’étranger ».

Andrée Farré apparaît donc être la principale instigatrice de ce crime.

L’histoire devient plus précise : tout a commencé le 6 février 1949, date à laquelle Robert Planet a rejoint le domicile de Robert Thélier. C’est là qu’il a, sur ordre d’Andrée Farré, menacé Robert Thélier avec une arme pour lui extorquer de l’argent (3 chèques au nom d’Andrée Farré) avant de le ligoter au lit de la gouvernante et de le bâillonner. C’est Andrée Farré qui a frappé et étranglé Robert Thélier. Ils ont ensuite mis le corps dans la malle. Andrée Farré a ensuite acheté une voiture avec l’argent de son ancien employeur, elle a recruté 2 chauffeurs pour l’amener aux Sables d’Olonne. Le premier, Maurice Châtelain, fit rapidement demi-tour déstabilisé par le manque de cohérence d’Andrée Farré. Le second, Charles André, la mènera aux Sables d’Olonne sans savoir ce que contenait la malle.

La Côte Sauvage

La Côte Sauvage

Le procès d’Andrée Farré et Robert Planet débuta le 7 décembre 1950.

Après deux jours de débats et trente-cinq minutes de délibérés, le verdict tombe : Robert Planet, reconnu complice, fut condamné à 20 ans de travaux forcés et, Andrée Farré, coupable et instigatrice du complot, fut condamnée à la peine capitale.

Le 16 février 1951, la peine d’Andrée Farré fut commuée en réclusion à perpétuité par le Président de la République, Vincent Auriol. Elle bénéficiera de plusieurs remises de peine et sera finalement libérée de prison. Elle décède en 1998.

Le procès était ouvert au public. Un auditeur va largement s’inspirer de ce fait divers. Il s’agit d’Henri-Georges  Clouzot,  qui va puiser largement dans le drame de la malle sanglante du Puits d’Enfer pour créer en 1954 son chef-d’œuvre : “Les Diaboliques”, film largement inspiré du drame du Puits d’Enfer.

Le Puits d'Enfer

Le Puits d’Enfer

La grande question est : « Pourquoi Andrée Farré avait-elle choisi le Puits d’Enfer pour se débarrasser de la malle ? » Il faut remonter dans l’enfance d’Andrée Farré. Elle avait, en effet, passé presque toutes ses vacances aux Sables d’Olonne, où vivait son grand-père. C’est lui qui lui avait montré cette faille géologique et lui avait probablement rapporté ce que les anciens disaient du lieu : «  tout ce qui tombe dans le puits d’enfer disparaît pour toujours »…

Voilà maintenant vous en savez un peu plus sur la macabre découverte du Puits d’Enfer.
Si vous voulez d’autres renseignements, je vous invite à participer à l’une de mes nombreuses visites guidées. L’agenda 2019 se trouve sur : www.lesbaladesdepriscilla.com 
et également sur le site de l’Office de Tourisme Destination Les Sables d’Olonne : https://www.lessablesdolonne-tourisme.com/Decouvrir/Agenda-Evenements/Visites-Guidees
En attendant, vous pouvez lire les ouvrages suivants :
« La malle sanglante du puits d’Enfer» de Xavier Armange
« Les grandes affaires criminelles de la Vendée » de Christophe Belser aux éditions De Borée , 2009.
et ce lien : http://mlcgenealogie.canalblog.com/archives/2017/08/29/35627907.html

 

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Auteur : Priscilla GIBOTEAU

Priscilla GIBOTEAU
Native des Sables d'Olonne, Priscilla Giboteau vous fera découvrir les richesses de notre patrimoine local à travers ses nombreuses visites guidées à pied ou à vélo. Guide Interprète National diplômée d'État, elle a travaillé sur des sites et monuments historiques (Abbaye Royale de Fontevraud, Guérande…) avant de revenir dans son pays natal pour y créer, en 2008, des visites guidées de la ville des Sables d'Olonne et de ses environs. C’est à travers une quinzaine de circuits, généraliste ou parfois très thématiques, qu’elle met en valeur le patrimoine sablais. En parallèle, elle poursuit son métier de guide accompagnatrice dans le Grand Ouest pour des agences de voyages. Elle assure aussi les visites guidées des expositions temporaires au Musée de l’Abbaye Sainte Croix où elle anime, en hiver, le cycle de conférences en Histoire de l’Art. Elle est également l’auteure d’un guide : « Je découvre les Sables d’Olonne » paru aux éditions Geste en 2016. Posez vos questions à Priscilla Giboteau, Spécialiste « Histoire »
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