Histoire des “Sardinettes” sablaises par Christine Burel

Qui se souvient des fameuses “Sardinettes”, sucettes fabriquées sur le remblai jusque dans les années 1972 ?
Christine Burel sablaise de coeur a bien connu cette époque où tous les gourmand(e)s se retrouvaient à l’échoppe d’Olivier Durand, propriétaire alors de la confiserie “La Sardinette” sur le Remblai. Elle partage aujourd’hui avec vous ses souvenirs d’enfance …

La sardine se vend bien sur le port des Sables en cette période des « happy sixties » qui suit l’immédiat après-guerre. A la criée la vente de ce petit poisson a remplacé les morues de Terre-Neuve. D’ailleurs sur les quais chaumois les conserveries – on dit aussi confiseries – sont nombreuses.

Est-ce pour cette raison qu’ Olivier Durand décida de faire de ce petit poisson l’emblème de son échoppe ?

Une machine composée de deux cylindres, créée par M. Sellier, permettait de créer des sucettes en forme de poisson, pour la grande joie des petits et des grands. Tout fraîchement arrivé de Paris avec sa femme et sa fille, M. Durand s’installe sur le Remblai,  d’abord dans une échoppe.

Echoppe de la Sardinette

1ère échoppe de monsieur Durand sur le Remblai ©Guillemette de Grissac

Puis il s’installera dans un petit magasin place Navarin, et enfin au 12 promenade Lafargue, dans une petite maison de deux étages encore debout aujourd’hui.

Une villa sera ensuite achetée rue du Château d’Eau, actuellement rue Léon et Léo David, dans un quartier plus résidentiel mais la boutique restera bien sur la promenade en bord de plage.

Elle y connaîtra un succès jamais démenti auprès des estivants de 1962 à 1972.

Magasin place Navarin

Magasin place Navarin ©Guillemette de Grissac

 

ancien magasin Les Sardinettes

Façade de l’ancien magasin “La Sardinette” sur le remblai au 12, promenade Lafargue © Guillemette de Grissac

1962, c’est pour moi et mes amis une année importante. Elle préside à la constitution de notre « bande ». Quatre familles d’horizons divers s’installent ensemble dans la concession de M. Henri Esnard qui jouxte la Pendule devant le Club des Pingouins. Le lieu de regroupement est la tente B4 que nous louerons pendant des années en dépit des fluctuations des gérances de concessions. Nous sommes dix-huit à occuper la même tente, dont dix enfants. Louer avec des amis permet de profiter de l’abri d’une tente à des tarifs modiques.

Le soir, c’est l’heure de la promenade sur le nouveau Remblai de Maurice Durand – encore un Durand, c’est dire si le patronyme est répandu en France. Pour nous, enfants, c’est l’émerveillement de la nouveauté.

Rendez-vous compte ! On sort après dîner, on ne va pas se coucher, c’est la « promenade du soir », en pleine nuit, sur le Remblai illuminé.

Le remblai dans les années 50

Le remblai dans les années 50 ©Archives Municipales

« Rendez-vous à la Pendule » ! Nous sommes des centaines à nous retrouver à cet endroit, lieu bien traditionnel des rendez-vous. Les familles déambulent par tribus complètes, arpentant le Remblai dans les deux sens. Avec mes amis nous faisons deux allers et retours alors qu’un seul suffit pour nos parents dans le même temps.

Mais bien sûr la promenade est le moment idéal pour la dégustation de délicieuses friandises. Il y a les traditionnelles Barbes à Papa, les Pommes d’Amour, les crêpes et les glaces. Mais la confiserie préférée de tous est naturellement la Sardinette. On fait la queue devant la boutique en attendant la fin de la fabrication des sucettes, leur « cuite », apprendrai-je ensuite. Car la Sardinette se déguste chaude !

Guillemette de Grissac*, fille d’Olivier Durand, dans son livre autobiographique “La petite fille aux sardinettes” consacre un chapitre à la « cuite » des Sardinettes !

Il reste une partie de la machine inventée par M. Sellier pour donner leur forme aux confiseries, la propriétaire de « La Niniche » l’utilise encore parfois comme moule pour des sucettes pourtant bien différentes de celles que nous avons connues.

Moule en forme de sardine

Moule en forme de sardine ©Christine Burel

Chaque soir, une cuite était faite avec un parfum différent de la veille. Les sucettes étaient terminées sous nos yeux émerveillés. On attendait forcément en longue file.

La pâte, non translucide, verte, rose, jaune, était posée sur le marbre, suspendue à un croc et modelée devant nos yeux par le confiseur magicien puis découpée afin de se glisser dans le moule.

Aussitôt, les sucettes recevaient un bâtonnet et étaient vendues aux clients. Elles étaient chaudes et molles, se déformaient dans la bouche et collaient délicieusement au palais.

Olivier Durand

Olivier Durand en train de modeler la pâte à Sardinette ©Guillemette de Grissac

Les sucettes faites les jours précédents avaient eu le temps de durcir et on pouvait se les procurer froides. En revanche elles restaient toujours vaguement blanches en leur cœur, indépendamment des parfums. Seules les sucettes que nous rapportions en fin de saison, sous leur emballage de papier transparent, étaient translucides comme les sucettes traditionnelles. J’essaie de retrouver les parfums : anis (couleur verte), menthe (couleur blanche), framboise (couleur rose), caramel aux amandes ; d’autres couleurs suggèrent des parfums : le jaune me fait hésiter entre l’ananas, le citron et la banane ; l’orangé implique l’orange, un rose foncé la fraise.

Le 14 juillet nous avions droit à des sucettes tricolores pour fêter le drapeau. C’était génial ! Les parents comme les enfants repartaient sur le Remblai avec les délicieuses sardines sucrées. J’ai dû oublier certains parfums ou les confondre avec ceux d’un glacier qui tint quelques années une boutique fabuleuse avec une variété incroyable de parfums aux « Lutins », rue des Écoliers, mais dont le commerce périclita rapidement sans que je sache jamais pourquoi.

Nous ignorions tous, enfants heureux, qu’une petite fille* à peine plus âgée que nous s’ennuyait un peu, solitaire, dans une chambre située au-dessus de notre palais des délices…

La longue file devant l'échoppe "La Sardinette"

La longue file devant l’échoppe “La Sardinette” ©Guillemette de Grissac

De nos jours les modes ont changé. Les enfants préfèrent les « Niniches », venues de Noirmoutier ou de La Baule. Les « chichis » frits à la sauce au chocolat gonflent les estomacs avides.

Le Pierrot existe encore, même si sa tradition initiale n’apparaît plus. Les glaces sont devenues industrielles. Les crêperies sont innombrables, alors que « l’Aiglon » en fut longtemps l’image phare. Le Nouveau Remblai a remplacé celui créé par Maurice Durand, la Piscine a été refaite et ouvre toute l’année, la Pendule qu’on songeait à détruire un temps trône toujours imperturbable sur la plage désertée par les portiques.

L’été, des bouées de matière plastique jaune ont remplacé les barques des pêcheurs pour délimiter la zone de baignade. On ne joue plus à la Pichenette avec un canif. Les multiples cinémas ont été remplacés par un Multiplexe.

Mais peu importe au fond, si Les Sables que j’aime donnent à tous le même potentiel de bonheur.

Boite de sardinettes

Boite de sardinettes©Guillemette de Grissac

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Vous êtes-vous reconnus dans cette histoire ? Avez-vous également savouré les délicieuses sardinettes de monsieur Durand ?

Pour en savoir plus, la fille de monsieur Durand, Guillemette de Grissac* a écrit un livre “La Petite fille aux sardinettes”. L’histoire se présente comme un dialogue entre l’enfant d’autrefois et l’auteure. Elle le dédicacera le vendredi 9 juin 2017 à la librairie Les Fables d’Olonne au 56, promenade George Clemenceau sur le remblai.

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Auteur : Office de tourisme

Office de tourisme
Office de tourisme des Sables d'Olonne (85, Vendée) www.lessablesdolonne-tourisme.com
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