Les secrets de la pose longue

Une technique séduisante

La technique de la pose longue en photographie est très en vogue de nos jours. Galeries, albums, mais aussi groupes sur les sites communautaires, y sont entièrement consacrés.

La pose longue concerne le plus souvent la photographie maritime. Elle fascine par son rendu très flatteur de la mer en volutes cotonneuses, par son aspect doux, intemporel, très « Fine Art », même si, par ailleurs, on peut lui reprocher de manquer de naturel et d’uniformiser un peu trop la production photographique actuelle.

Pour ma part, il m’arrive d’y avoir recours, mais cela est loin d’être systématique. Il faut dire aussi que la pose longue nécessite un dispositif un peu lourd pouvant rebuter les amateurs ou pros qui aiment photographier « léger ».

Vue sur le phare des Barges, depuis la corniche du Nouch

25sec, f/16, 200iso, ND400+ND8

 

Limiter les bougés !

Pour photographier en pose longue, il va déjà vous falloir un bon trépied bien stable. Pensez que l’obturateur de votre appareil photo va rester ouvert parfois pendant 30 ou 40 secondes (plus d’une minute dans certains cas !).

Le risque de flou de bougé va donc devoir être réduit au maximum, et je vous conseille également de faire en sorte de limiter les vibrations dues au déclenchement, à la levée du miroir et à l’ouverture de l’obturateur. Tous trois génèrent des bougés quasi-imperceptibles, mais assez conséquents pour ruiner un cliché en pose longue !

Chacun y va donc de sa technique, depuis l’utilisation d’une télécommande à celle du mode de déclenchement miroir relevé que l’on trouve sur la plupart des appareils réflex experts.

Personnellement, je conjugue le mode retardateur (réglé à 10 ou 20 secondes) avec le retardement de l’exposition d’environ 1 seconde (délai entre la levée du miroir et l’ouverture de l’obturateur), ce qui me permet de dissiper aussi bien les vibrations dues à la pression sur le déclencheur que celles provoquées par la levée du miroir.

Les fameux filtres gris neutre

A présent, quid de l’exposition ? Et surtout, comment parvenir à laisser l’obturateur ouvert si longtemps sans totalement sur-exposer l’image ?

Il existe pour cela des filtres dédiés, appelés « gris neutre », dont la vocation est de s’opposer au passage de la lumière (ils sont très opaques) sans du tout en modifier la nature (les couleurs ne subissent aucune transformation). Ainsi, associés à une faible ouverture (f/16 par exemple, pour obtenir une grande profondeur de champ) et à une sensibilité iso faible (100 iso, par exemple, pour un rendu doux, le moins « granuleux » possible), ces filtres permettent de décupler le temps d’exposition et ainsi d’esthétiser un sujet en mouvement comme la mer : les vagues deviennent une sorte d’écume homogène, un peu vaporeuse.

Les filtres ? Quelle que soit la marque, ils s’appellent ND4, ND8 ou ND400, leur coefficient traduisant leur degré de filtrage de la lumière. Le ND400 notamment, particulièrement adapté à la pose longue, permet de gagner pas moins de 9 diaphragmes, et donc d’exposer longuement même en plein jour !

Avant de préparer votre sac photo

Deux remarques pour finir : pensez à gérer la montée de bruit numérique due à la durée d’exposition du capteur, en faisant appel à la fonction dédiée sur le boîtier de votre appareil photo numérique (réduction de bruit – attention aux légères pertes d’accentuation ou de netteté consécutives, que vous pourrez corriger sur votre logiciel de retouche préféré).

Enfin, pensez que l’esthétisation de votre sujet en mouvement ne règle pas tout : une pose longue ne saura se passer, comme toute bonne photo qui se respecte, d’un joli contraste (optimisé, il est vrai, par le gain de ton clair de l’écume), de couleurs harmonieuses et d’une composition pertinente !

Alors, bonnes poses longues sur nos plages sablaises, et surtout n’hésitez pas à me poser vos questions et me faire partager vos expériences !

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Auteur : Antoine Tatin

Antoine Tatin
Né en 1977 et originaire des Sables-d'Olonne, je suis auteur-photographe depuis 2006 et membre de l'UPP (Union des Photographes Professionnels). En parallèle de mes reportages (communication, portrait & mariage, illustration de presse), et de mes stages sur la photographie de paysage, je poursuis un travail personnel associant le littoral à l'humain. Posez vos questions à Antoine Tatin, Spécialiste « Photographie »
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