Donnez de la profondeur à vos paysages !

La profondeur en photo ne va pas de soi

Comment ne pas être saisi par l’impression de profondeur que dégage la baie de notre station ! Et combien, à en juger le nombre de publication d’images sur la page facebook, ont cherché à traduire ce sentiment en photo ! Or, qu’il s’agisse de profondeur ou d’autre chose, son rendu n’est pas si aisé, et il peut être utile de s’approprier quelques outils pour éviter que celle-ci ne vienne se “casser” littéralement sur le capteur de votre apn.

© The Photographer, www.antoinetatin.fr. Données de prise de vue : 1/500s, f/18, 200iso

 

Et la profondeur de champ ?

Alors comment rendre cette profondeur, et par-delà, insuffler le sentiment d’évasion, de liberté, que vous procure une petite déambulation sur le sable ? En donnant de la “profondeur de champ” ? Hum … la profondeur de champ, ah oui, ce fameux nombre f/ pour les possesseurs d’appareils réflex. Une simple convention pour définir la plus ou moins grande ouverture du diaphragme de votre objectif, et par conséquent la zone de netteté en avant et en arrière du sujet mis au point. Parlons peu, parlons bien : poussez l’ouverture (la fermeture, en fait) à f/8 ou plus, à f/14 par exemple si vous souhaitez obtenir une image très nette du premier à l’arrière plan. Attention, au-delà, aux petits défauts (aux “aberrations chromatiques”) qui peuvent apparaître, de manière très locale, sur vos photos. Pensez aussi qu’en fermant votre diaphragme (à f/16, par exemple, ou à f/18 comme dans l’image ci-dessus), vous perdez en luminosité et il faudra compenser avec un nombre Iso assez grand si vous voulez éviter de shooter à des vitesses trop lentes, en fin de journée notamment (cette fameuse interaction entre les 3 paramètres principaux que sont l’ouverture, la vitesse et la sensibilité Iso !). Bon, très bien, mais avons-nous pour autant atteint notre but ? Non. Donner de la profondeur de champ est un paramètre important, mais ne suffit pas à créer une impression générale de profondeur.

Baissez la tête !

© Décor, www.antoinetatin.fr. Données de prise de vue : 1/160s, f/16, 400iso

Pour cela, il faut bien examiner ce que vous avez sous les yeux. Un photographe est un observateur ! Repérez les traces de pas sur le sable laissées par un promeneur, par exemple, ou encore celles des roues d’un véhicule d’entretien, et placez-vous en amont, à leur point de départ, vous verrez que ces lignes de fuite renforceront la 3ème dimension de votre image ! Remarquez, dans cette optique (si je puis dire), sur la photo intitulée The Photographer, combien sont importants les sillons creusés par la marée. N’hésitez pas à vous baisser un peu, à vous accroupir même. Il peut être intéressant également de localiser un joli coquillage, ou un rocher harmonieusement sculpté, et s’en servir comme point de départ, au premier plan (voir ci-contre) : de manière générale, et assez paradoxalement, la mise en valeur du premier plan intensifie l’impression de profondeur. A condition, bien sûr, d’opter pour un grand angle (17-18mm et moins pour un capteur petit format), et d’y associer d’autres conditions de réussite ! Un regard porté loin suffit à donner une sensation de profondeur : en photo, il faudra récréer le lien entre le proche et le lointain, le “souligner”, pour que la sensation demeure intacte. Alors attention aux passages de personnes, à une branche, un rocher, et que sais-je encore, à toute présence compromettante pour ce lien ! Il suffit parfois de pas grand chose pour casser une impression de profondeur.

… et levez-la

C’est dire qu’il est difficile de maîtriser tous les éléments de votre champ, et que bien souvent, la recherche de profondeur s’accommode parfaitement d’une plage vide, d’un décor maritime épuré avec ses lignes qui vont se perdre vers l’horizon entre ciel et mer. Le ciel peut d’ailleurs idéalement servir votre cause. Un bleu sans entrave pourra renforcer l’aspect contemplatif de votre photo, tout comme de jolis nuages bien choisis seront à même d’introduire une dose de poésie ou de mystère (comme sur la photo intitulée Décor). Vous voyez que la profondeur est finalement une notion toute relative, et qu’il ne s’agit pas toujours d’embrasser un immense espace dans son viseur pour en créer l’illusion !

Parfois-même, vous pourrez vous contenter de suggérer la profondeur : ce sera le cas notamment lorsque vous insérerez au sein de votre photo, au premier ou second plan, un promeneur (ou deux amoureux, comme dans la photo ci-dessous) contemplant le paysage. Un peu votre propre projection si vous voulez ! L’attitude devra être bien choisie, et si c’est le cas, le temps s’étirera en même temps que votre espace s’agrandira …

© Côte d’amour, www.antoinetatin.fr. Données de prise de vue : 1/125s, f/9, 500iso

Pas qu’une affaire de technique

Vous voyez donc que si la profondeur en photographie nécessite de connaître quelques astuces techniques, elle implique d’abord et surtout votre regard, votre imaginaire, votre sensibilité, la capacité de composer avec ce dont vous disposez dans votre champ. Pour cela, faîtes de nombreux tests, prenez de nombreuses photos (ce que permet la photo numérique), en vous demandant à chaque fois : est-ce que mon regard se projette au loin ? Ces détails ici et là n’entravent-ils pas mon voyage mental ? Pourquoi ça n’a pas marché ? Partagez votre photo, faites votre auto-critique, sans jamais oublier cette célèbre phrase de Cartier-Bresson : “Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’oeil et le coeur”.

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Auteur : Antoine Tatin

Antoine Tatin
Né en 1977 et originaire des Sables-d'Olonne, je suis auteur-photographe depuis 2006 et membre de l'UPP (Union des Photographes Professionnels). En parallèle de mes reportages (communication, portrait & mariage, illustration de presse), et de mes stages sur la photographie de paysage, je poursuis un travail personnel associant le littoral à l'humain. Posez vos questions à Antoine Tatin, Spécialiste « Photographie »
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