Entre Histoire et Mémoire: Les quartiers maritimes des Sables-d’Olonne
La ville des Sables offrait deux quartiers où la population maritime était essentiellement concentrée : le quartier du Passage aux Sables et le quartier de la Chaume de l’autre côté du chenal.
Deux quartiers à l’identité marquée…
Le quartier du Passage
Le quartier du Passage est situé entre port et plage, à deux pas du centre des Atlantes et ses ruelles contenaient les joies et les peines de nos aïeux sablais.
Combien de capitaines piégés lors de campagnes dans les lointaines Antilles ou à Terre-Neuve ne sont jamais revenus se désaltérer dans les buvettes qui jalonnaient les quais ? Des centaines … Et ces pauvres mousses qui embarquaient dès l’âge de 10-12 ans pour l’Atlantique nord, que reste t-il de leur mémoire aujourd’hui ? Rien ou presque rien.
Quelques maisons d’armateurs plus cossues laissent entrevoir cette richesse passée mais, on a du mal à imaginer que dans ces cours serrées du Passage ou de la Chaume, on vivait à trois ou quatre familles dans une société essentiellement matriarcale.
La présence de la femme est très marquée en pays sablais. Si la Sablaise ou la Chaumoise a le verbe haut, sans doute doit-elle ce caractère à sa vie de femme de marin pêcheur qui ne lui en a pas laissé le choix. La mer les a confrontées de très bonne heure aux dures réalités d’une vie très difficile.

Deux marins Pêcheurs
La Chaume
Quant à la Chaume c’est le même schéma social : on était marin de père en fils et il n’était pas rare de voir la ville se vider de sa jeunesse au moment des campagnes thonières qui réclamaient une main d’œuvre jeune et solide à la tâche. Il fallait gagner sa saison pour pouvoir passer un hiver rigoureux car les familles ne « roulaient pas sur l’or », loin s’en faut. La saison estivale était déterminante pour bien passer l’année.

Chenal des Sables d’Olonne

Marins pêcheurs de la Chaume

Marchande de Sardine
L’économie maritime
Jusqu’aux années 1960, ces quartiers prolifiques vivaient, en été, au rythme du retour des sardiniers qui débarquaient leur pêche du jour jusque tard dans la nuit.
Quant aux femmes de marins elles animaient le quartier de leurs chants depuis les tables des usines où elles travaillaient ce poisson si fragile qu’est la sardine. Il n’était pas rare de les voir débaucher en plein cœur de la nuit : le poisson n’attend pas.
Aux Sables et à la Chaume, ce sont près de quatorze usines qui appelaient de leurs cornes toutes différentes les ouvrières au travail. Pour se stimuler, elles chantaient sous l’œil de la contremaîtresse mais, si elles travaillaient dur, elles en ont gardé de bons souvenirs : époque où les familles se connaissaient, s’entraidaient et où les coups durs d’une vie passée auprès de la mer étaient supportés par toute une population soudée et consciente d’appartenir à une certaine corporation.
Cette Chaume, ce Passage populaires ont fourni des générations de marins aux voiliers d’antan, des forgerons, des fabricants de poulies, des voiliers, des ouvrières d’usine. Ces gens de mer ont permis au port de se développer et d’être sous l’Ancien-Régime, le premier port morutier du royaume et dans l’Entre-deux-guerres l’un des premiers ports thoniers et sardiniers de l’Atlantique.

Sablaises, usine Penaros
Alors, quand un quidam déambule aujourd’hui dans les rues étroites des Sables et de la Chaume, il est utile qu’il se rappelle de ces anonymes qui ont arpenté, avant nous, les mêmes chemins ; de ces marins en goguette qui bras dessus, bras dessous, beuglaient en revenant de chez « la mère Dauboeuf » ou de ces femmes effrayées par la tempête qui scrutaient du coin de la rue Napoléon, le retour de la voile tant espérée. Ces quartiers populaires ont laissé une âme qui ne demande qu’à s’ouvrir …
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