“Sunset man”, bassin d’Ombret (Les Sables-d’Olonne)

Bassin d'Ombret à la Chaume

Données techniques de prise de vue : 75mm – 400iso – 1/500sec – f/16 – Correction exposition : -0.7 IL

 

« Coucher le soleil » … en photo

Le coucher de soleil reste l’un des sujets favoris de tous les photographes, amateurs comme professionnels. Avec ses couleurs chatoyantes, chaudes, et l’ambiance spécifique qui s’en dégage, le couchant ne laisse pas insensible. Or, si le charme opère au moment de la prise de vue, les résultats sont rarement à la hauteur de l’expérience visuelle et sensorielle.

C’est un fait que ce qui est beau ne l’est pas forcément en photo ! Pensez déjà que votre appareil photo a sa propre façon d’interpréter les couleurs, les lumières, les contrastes, l’exposition, et que l’angle, le cadre et les éléments que vous allez choisir d’inclure dans votre champ vont conditionner le rendu de votre couchant.

Trop souvent, le photographe débutant, tellement séduit par le moment, se cantonne à un pâle enregistrement hâtif et oublie de composer sa photo. Si le couchant est beau, il faut néanmoins en faire quelque chose ! Ici, dans le cas de Sunset Man, je l’utilise un peu comme un prétexte pour montrer ce que j’aime montrer, photographier, « dire en photo ».

De l’importance du premier plan !

Un coucher de soleil reste … un coucher de soleil. Et si le choix de votre premier plan le rendait unique ?

J’ai choisi pour ma part le bassin d’Ombret, à la Chaume. Une aubaine, puisqu’il permet de jongler avec deux surfaces marines, juxtaposées et d’aspects différents (l’une assez cristalline : celle du bassin ; l’autre plus opaque et texturée : celle de la mer, à l’arrière-plan). L’autre énorme avantage est la forte réflexivité du bassin, et donc la possibilité de conserver un premier plan exposé (à la lumière), tandis que la bande de rochers se dégage idéalement, par contraste, au milieu des deux masses d’eau et de ciel.

C’est souvent l’un des aspects négligés par bon nombre de photographes en herbe, qui attendant (avec raison) que le soleil « tombe » près de la ligne d’horizon, se retrouvent avec un premier plan prédominant sous-exposé (souvent grisâtre, peu esthétique) car doté de peu de réflexivité ou caché du soleil par des bâtiments faisant barrage à sa déjà faible lumière.

Plus le soleil tombe, plus ses ondes sont longues, et par conséquent sa lumière colorée ; néanmoins, l’intensité lumineuse baisse, et votre premier plan s’obscurcit considérablement. Une astuce parmi d’autres peut alors consister à jouer des contours de votre premier plan grâce à la technique du contre-jour, comme je le fais ici avec la bande de rochers. Dans tous les cas, ne cherchez pas à exposer (en augmentant le temps de pose) une surface non éclairée ; vous risquez d’obtenir un rendu de tons et de couleurs disgracieux, et de voir apparaître une sorte de grain, ce que l’on appelle en technologie numérique du “bruit“. La luminosité du bassin, ici, me permet de conserver un temps d’exposition raisonnable me dispensant de l’utilisation d’un trépied et d’une augmentation risquée de la sensibilité ISO du boîtier.

L’histoire d’un tête-à-tête

J’ai ainsi trouvé, grâce au bassin d’Ombret, une composition à mon goût, très contrastée ; ne manquait plus que cette silhouette humaine, repérée en amont, pour venir équilibrer la structure de cette image et humaniser ce coucher de soleil selon des tonalités bien à moi.

Lorsque l’homme descend doucement le rocher, sa démarche au loin paraît langoureuse, comme nappée dans le silence du couchant. Il s’arrête et dirige sa tête dans la bonne direction. Silhouette à contre-jour se dégageant sur le vide du ciel, il semble au moment du déclenchement absorbé dans une sorte de tête-à-tête avec l’astre. L’ensemble de la composition, assez épurée, renforce l’attrait et l’intensité de cette contemplation. Le temps s’étire.

On peut donc tenter – ce que j’essaie ici – d’interpréter un couchant en lui imprimant un sens personnel, en l’incluant dans une histoire, comme on peut très bien se contenter d’en faire le seul et unique sujet d’une photo. Mais dans les deux cas, cette photo, rien ne vous dispensera de la construire !

« Vous ne prenez pas une photographie, vous la faites ».  Ansel Adams

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Auteur : Antoine Tatin

Antoine Tatin
Né en 1977 et originaire des Sables-d'Olonne, je suis auteur-photographe depuis 2006 et membre de l'UPP (Union des Photographes Professionnels). En parallèle de mes reportages (communication, portrait & mariage, illustration de presse), et de mes stages sur la photographie de paysage, je poursuis un travail personnel associant le littoral à l'humain. Posez vos questions à Antoine Tatin, Spécialiste « Photographie »
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