Les Sables d’Olonne, 1er port morutier du royaume
Le dernier numéro de la revue historique Olona (n° 217, septembre 2011) revient sur une page d’histoire du passé maritime des Sables. En effet, le port des Sables a armé jusqu’à 80 navires pour le grand banc de Terre-Neuve à tel point que sous Louis XIV, le port était en tête des ports français pour ce type de pêche.
Pourquoi cette pêche a-t-elle pris un tel essor aux Sables ?
Premièrement parce que de nombreux armateurs – dont beaucoup de protestants – investirent dans cette pêche très lucrative qui débute timidement au XVIe siècle et prend son essor vers 1660 aux Sables.
Deuxièmement, l’arrière pays olonnais regorge de sel et, cet or blanc est la denrée nécessaire pour ce type de pêche puisque la morue est salée à même le navire. On comprend mieux alors la célérité des armements sablais qui arrivaient à effectuer deux rotations transatlantiques en une année. Une première campagne avait lieu en février-mars dite de « prime » et une seconde en août-septembre dite de « tard ».
Les Olonnais étaient réputés parmi les plus rapides et pour cause : étant les plus près des salines, ils arrivaient les premiers sur les bancs et une fois leurs cales pleines (10 à 12 000 morues), ils regagnaient Nantes où la cargaison était vendue par les négociants – la plupart du temps des cousins des capitaines sablais, installés dans la cité ligérienne. C’est ainsi que des dynasties de capitaines et d’armateurs se sont succédé : les Servanteau, les Gaudin, les Lodre pour ne citer que les plus grosses fortunes du port.
André Servanteau de la Brunière armait plus de vingt morutiers au début du XVIIIe siècle par exemple.
Une pêche difficile
Les campagnes étaient longues et éreintantes mais il fallait aussi compter sur les icebergs, les brumes redoutables de l’Atlantique nord et les guerres maritimes incessantes contre l’Anglais.
Aussi, cette pêche va-t-elle devenir extrêmement aléatoire puisque de nombreux morutiers sablais furent faits prisonniers ou coulés suite à un combat naval en règle – les morutiers étaient équipés de canons ! Pour ne citer qu’eux, les mousses, au nombre de deux à bord – véritables « chiens » du bord, embarquaient dès l’âge de 10-12 ans laissant leur mère sur le bord des jetées en plein désarroi mais résignées. Le navire partait pour de longs mois sans savoir s’il allait revenir.
La morue était donc pêchée à la dérive depuis le bord du bâtiment avec des hameçons confectionnés par les forgerons sablais.
La ville en profita
La fortune des morutiers fit la renommée du port et fit prospérer un artisanat actif : chantiers de navires, fabricants de cordages, poulies, voiles etc … Le port des Sables vivait donc au rythme de ces départs bi-annuels qui happait près de 1 600 marins puisqu’un morutier comptait vingt hommes d’équipage.
Aujourd’hui, il ne reste que quelques rares immeubles ou hôtels particuliers de ces capitaines que vous pourrez apercevoir dans le quartier du Passage ou à la Chaume, le quartier des marins. C’est aussi de cette époque prospère que date l’église Notre Dame de Bon Port par exemple, époque où la ville comptait près de 10 000 habitants et attirait une population de paysans attirés par l’appât du gain maritime.
Cette grande pêche s’est éteinte peu avant la Révolution et même s’il y eut des tentatives pour la relancer vers 1820, ce fut de courte durée. D’autres pêches s’annonçaient, un autre cycle pour le port sablais.
A lire : « L’itinéraire du morutier, Les enfants nantais ».
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